Dans cet article, je te partage une réflexion qui peut paraître un peu « bizarre » à priori, mais qui, en fait, peut t’aider à bien capter l’attention de tes auditeurs, et à les mettre en appétit…
Le principe de fonctionnement est le même en DJing et en M.A.O., bien que les techniques pour l’appliquer diffèrent d’une discipline à l’autre (tu vas voir ça juste en dessous) :
L’effet Zeigarnik, c’est quoi ce truc ?
Je te met la définition Wikipédia ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Zeigarnik
Mais pour faire simple : l’effet Zeigarnik c’est le fait que quand on commence une tâche, on a envie de la terminer pour « se sentir mieux », et on s’en souvient plus facilement tant qu’elle n’est pas achevée…
C’est-à-dire que quand tu commences un truc (une activité, la création d’un morceau de musique, une partie de jeu vidéo…), ton cerveau t’incite / t’invite / te motive à clôturer, à achever cette tâche pour que tu te sentes satisfait.
Tu as sûrement déjà ressenti ça, peut-être avec des tâches grandes ou petites, importantes ou futiles, le mécanisme reste actif.
Exemple : tu regardes l’épisode 4 de ta série préférée, et à la toute fin, le mec qui a écrit le scénario utilise volontairement l’effet Zeigarnik pour te rendre addict, et pour que tu ais envie de regarder l’épisode 5…
Quelque chose démarre, genre une intrigue, un événement, un rebondissement inattendu ou autre, et hop ! On coupe l’épisode pour te frustrer, pour maintenir le suspens jusqu’à sa résolution qui a lieu au prochain épisode…
Tu vois l’idée ? 🙂
Bon, c’est bien tout ça, mais c’est quoi le rapport avec la musique ? oO
On peut jouer avec cet effet Zeigarnik pour créer du désir et de l’attente chez nos auditeurs…
… en commençant, en amenant, en amorçant un élément majeur d’un morceau (une mélodie par exemple), puis en le coupant provisoirement (histoire de frustrer le public, de le faire saliver un peu), avant de l’introduire vraiment / totalement / pleinement.
C’est pas évident à faire, mais quand c’est bien fait, ça peut produire un sacré effet sur le public, qui ne s’attend pas forcément à cette démarche ! 😀
Formulé autrement : un peu comme en séduction, le fait de ne pas tout donner d’un coup génère du désir, de l’attente, donc on reste davantage attentif et motivé (et un peu frustré ! ^^) en attendant la « libération » de cette frustration…
Maintenant que tu as compris le principe, tu veux sûrement découvrir les techniques pour l’appliquer concrètement en mix et / ou dans tes prods…
(… voila un autre exemple d’effet Zeigarnik pour que tu lises la suite haha 😀 )
Check ça aussi, c’est du lourd : Motivation versus discipline en DJing et en M.A.O.
Comment appliquer l’effet Zeigarnik en DJing :
Sans rentrer dans les détails des techniques de mix à appliquer (tu peux les retrouver dans la formation DJ Padawan si tu débutes, dans la formation DJ Le Dojo si tu es plus avancé), voici une idée d’application :
1/ Ton titre 1 est en cours de lecture (seul), entendu par le public.
2/ Au bon moment (le timing est crucial pour cette manoeuvre !), tu rentres dans le mix l’élément « clé » du titre 2 (par exemple sa mélodie connue ou spéciale / caractéristique) de manière à provoquer un manque rapidement…
Tu peux rentrer cette mélo (jouée en solo) en fondu progressif sur la durée d’un pattern (16 temps), sur un passage purement percussif du titre 1, idéalement juste avant un break.
3/ Au moment du break du titre 1, tu coupes d’un coup la mélo du titre 2 (pour créer le manque maintenant que tu as amorcé le désir).
4/ Au bon moment (dans la 2ème moitié du break ? Lors du drop ? 4 patterns après le début du drop ? …), tu re-rentres la mélodie du titre 2 dans le mix, mais cette fois-ci de manière totale, permanente, et avec plus de présence (par exemple avec un volume un peu plus fort).
5/ Tu peux ensuite finir ta transition comme tu le sens, avant de sortir le titre 1 du mix => DONE 😉
Comme d’habitude, un mix réussi c’est beaucoup basé sur le choix des morceaux et de leurs passages à mixer, en plus, bien sûr, des techniques basiques fondamentales (comme le calage tempo nickel, le mix harmonique éventuellement, ou encore le réglage des gains au millimètre près !).
Comment appliquer l’effet Zeigarnik en M.A.O. :
Dans tes prods, tu vas pouvoir travailler de manière bien plus subtile et précise qu’en DJing, toujours en suivant le même principe, mais appliqué sur le même morceau en question ( ! )…
Tu peux donc amorcer une mélodie (ou un autre élément « clé » comme un FX particulier, ou une a ccapella…) à un moment donné, avant de la retirer, pour ensuite la rejouer pleinement.
L’amorçage peut se faire dans l’intro, dans un petit break ou autre, pour ensuite « lâcher » la mélo plein pot dans un gros break principal, ou lors d’un drop…
Les possibilités sont multiples, et tu peux même faire des courts « rappels » de temps en temps (avant ou après que tu ais joué la mélo plein pot), histoire de garder une cohésion tout au long de ton morceau.
L’amorçage de la mélo peut se faire de différentes façons, comme :
– ne jouer que la note de chaque temps musical (mais PAS les notes intermédiaires),
– ne jouer que les notes de la 1ère mesure,
– rentrer la mélo en fondu de volume progressif (via une automation),
– rentrer la mélo en y appliquant un effet croissant ou décroissant pour la « dénaturer » volontairement (par exemples : un delay, une grosse reverb…).
Pour en savoir beaucoup plus sur comment créer des mélodies au top (même sans t’y connaître en solfège), check ça…
Idem pour maîtriser les arrangements afin de savoir à quels moments intégrer et sortir tes mélodies, mais aussi les autres types d’éléments, on en parle ici…
Encore une fois, pour obtenir un super résultat en appliquant l’effet Zeigarnik dans tes compos, c’est pas évident, ça demande de la pratique et de l’expérience…
Mais c’est une excellente piste à garder en tête pour maintenir tes auditeurs en haleine ! 😀